Elle avance, elle s'éloigne...
11 03 2025J'aime lire des poèmes - de préférence français, car j'ai un point de vue critique sur la poésie traduite - et plus que les lire, c'est les comprendre qui me plaît le plus - ou du moins de les ressentir pleinement.
Dans la catégorie de ceux que j'aime tout particulièrement, il y a dans le Forçat Innocent - l'un des recueil de poésie de Jules Supervielle - un poème qui me parle et sur lequel j'aimerais me pencher plus en détail. Voici le poème en question :
Elle avance, elle s’éloigne
Et la voici revenue.
Elle m’atteint et me gagne
Comme une fraîche avenue
Qui longtemps se continue
Au milieu de la campagne.
On sent cette brise de nostalgie, du temps qui passe et des souvenirs, non ?
Ici, on ressent la légèreté du poème via l'utilisation de mots féminin enrobés de douceur ([elle] s'éloigne, une avenue, la campagne) mais également grâce à sa structure métrique en octosyllabes qui donne un rythme fluide, léger et court.
On va regarder ce texte de plus près.
Elle avance, elle s’éloigne
Et la voici revenue.
Elle m’atteint et me gagneLa première partie, avec des répétitions (elle avance, elle s’éloigne ; et la voici revenue) donne une impression de mouvement cyclique.
Comme une fraîche avenue
Qui longtemps se continue
Au milieu de la campagne.Cette répétition de la vie, connue et certaines fois inconnue ; nouvelle ; fraîche. Comme si l'on connaissait le chemin devant nous. La description de la nature suggère un sentiment diffus, peut-être un souvenir ou une sensation douce mais passagère.
C'est à la fois nostalgique et emprunt de douceur. Mais ce qui me plaît le plus, c'est cette danse des trois premiers vers. Ce va-et-vient de la vie, des personnes que l'on rencontre de temps en temps sur de courts moments, mais qui à leurs façons rendent ces derniers des souvenirs importants.