Micro-fictions #3
22-09-2025
Le feu du savoir
En ce monde, il existait un feu.
On disait qu’il contenait tout le savoir des hommes :
les mots des poètes, les calculs des savants, les prières des anciens.
Les générations s’y réchauffaient, y trouvaient lumière et réponses.
Mais un jour, faute de gardiens, le feu s’éteignit.
Avec lui disparurent les histoires, les lois, les secrets, comme si le monde avait perdu mémoire.
Alors, dans la nuit, un enfant ramassa deux pierres et les frappa l’une contre l’autre.
Une étincelle jaillit.
Et l’on ralluma un feu.
Le dernier voeu
Il le savait : devant l’Archiviste éternel, il fallait annoncer ses trois vœux sans trembler, car chaque mot devenait loi.
Pour le premier, il demanda à voir l’Histoire : parcourir les grandes heures du monde, mais sans jamais agir. Simple témoin.
Il vit les rangées infinies de la bibliothèque d’Alexandrie, horizon de connaissances, avant de la voir brûler.
En second, il fixa les yeux de Napoléon à Waterloo, brillants de défaite, comprenant que l’empire bâti jusque-là s’arrêtait net dans les champs enneigés.
Pour son dernier vœu, il demanda à voir non pas un événement passé, mais un événement futur — de ceux qu’on rêve dans les romans ou qu’on idéalise dans nos attentes.
Alors l’Archiviste ferma son grand livre.
— Le futur n’existe pas encore, dit-il. Mais puisque tu veux le voir, le voilà.
Et il lui tendit une page blanche.